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23/10/2015

Philip Roth : Un homme

philip rothPhilip Roth est né le 19 mars 1933 à Newark, dans le New Jersey, son œuvre couronnée de multiple prix en fait l’un des plus grands écrivains américains contemporains. Aujourd’hui il vit dans le Connecticut et en octobre 2012 il a déclaré à la presse qu’il arrêtait d’écrire. Un homme est paru en 2007.

Un titre impersonnel pour un roman dont le héros n’a pas de nom mais dont nous saurons tout. Il a été directeur artistique dans la pub avec succès, marié trois fois mais trois échecs, de sa première épouse il a deux fils qui l’ignorent, de la seconde, une fille Nancy qui l’adore, la troisième est une jeunette, mannequin sans cervelle. Aujourd’hui on l’enterre, arrivé au terme d’une vie qui s’est achevée sur une table d’opération. Flashback.

De l’enfance auprès de ses parents, son père est bijoutier et d’un frère aîné Howie, en passant par ses diverses situations matrimoniales et ses écarts de conduite, jusqu’à sa retraite professionnelle lui laissant du temps libre pour s’adonner à la peinture, nous suivons le parcours d’un homme marqué par la maladie. Philip Roth nous les détaille à loisir, de la péritonite en 1967 au quintuple pontage coronarien une vingtaine d’années plus tard, ou bien l’opération de l’artère carotide, l’insertion du stent rénal et j’en passe, le sort s’acharne sur notre homme de manière inexplicable, le poussant à détester son frangin qui lui bénéficie d’une santé de fer, « il détestait Howie parce qu’il ne savait pas ce que c’était que l’hôpital, parce que la maladie lui était inconnue ».

Un corps de moins en moins fiable, des décès autour de lui, parents ou amis, « il » ne sait plus trop à quoi se raccrocher, n’ayant même pas le secours de la religion, « ce n’était pas lui qui serait dupe de ces balivernes sur la mort et sur Dieu, ou de ces fantasmes de paradis d’un autre âge. » Parvenu à un certain âge, comme on dit, la désillusion est cruelle, l’obligeant à faire « le constat humiliant que physiquement – entre autres – il s’était rabougri pour devenir cet homme qu’il ne voulait pas être… »

Roman sur la maladie, la peur de la vieillesse et la mort, on ne peut s’interdire de penser qu’il y a beaucoup de l’écrivain caché derrière l’anonymat de son héros. Quand le bouquin paraît, Philip Roth a soixante-quatorze ans et lui-même a connu de nombreux aléas de santé dans sa vie, une grave dépression après une opération chirurgicale, un quintuple pontage coronarien, une autre dépression imputable à un médicament coupable après une opération du genou pas très réussie, bref, l’écrivain sait de quoi il parle quand il évoque la dégradation physique et son corollaire, la peur de perdre la maîtrise de soi.

Un sujet grave et fort qui nous concerne tous, pourtant malgré tout le respect que je porte à Philip Roth, je suis resté assez indifférent à cette affaire. Peut-être est-ce dû à l’approche clinique, l’analyse froide, ici rien n’est amusant (évidemment) ni assez dramatique dans la mise en scène pour m’émouvoir à la simple lecture du texte. Un roman plutôt moyen pour mon goût.

 

« Lors de cette intervention, Nancy l’avait accompagné, une fois de plus ; quand il remonta dans sa chambre, et ouvrit la tunique d’hôpital pour lui montrer la bosse du pacemaker sous la peau, elle dut détourner la tête. « C’est pour me protéger, ma chérie, il ne faut pas que ça te perturbe – Je sais bien que c’est pour te protéger, et je suis contente que cet appareil existe, mais ça fait un choc, parce que… », elle en avait trop dit pour s’en sortir par un pieux mensonge, « tu as toujours fait tellement jeune ! – Mais je suis plus jeune avec que sans. Maintenant je vais pouvoir faire tout ce que j’aime, et sans avoir peur que mon arythmie ne me mette en danger. » Mais elle demeura toute pâle, désemparée, incapable d’endiguer les larmes qui lui inondaient le visage. »  

 

 

philip rothPhilip Roth   Un homme  Gallimard – 153 pages –

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun

07:39 Publié dans Etrangers | Tags : philip roth | Lien permanent | Commentaires (6) |  Facebook |